Pathologie très fréquente, quoique mésestimée tant par les patients que par les ophtalmologistes, la sécheresse oculaire n'en est pas moins une pathologie au diagnostic simple. Pour autant, son traitement, lui, n'est pas toujours évident lorsque les larmes artificielles ne sont plus efficaces.
Le point dans notre article.
Qu'est-ce que la sécheresse oculaire ?
La sécheresse oculaire n'est que rarement un simple déficit en larmes. Selon le Dry Eye Workshop (2007), c'est une maladie chronique et plurifactorielle. Ce même rapport insiste sur le fait que le syndrome sec peut faire suite à un déficit quantitatif, mais encore plus souvent à un déficit qualitatif.
Ainsi, cette pathologie oculaire est une maladie des larmes et de la surface de l'œil. Elle se manifeste lorsque les yeux ne produisent pas assez de larmes ou quand leur composition chimique n'est pas exacte. En effet, la composition des larmes est un rapport précis entre lipides, humeur aqueuse et mucines. Et c'est son exacte composition qui permet de remplir correctement son office, à savoir :
- humidifier les yeux et assurer leur confort ;
- préserver la structure de la cornée et son bon fonctionnement ;
- éliminer les saletés et les particules étrangères, protéger les yeux contre les infections bactériennes ou autres.
Sécheresse oculaire : causes et symptômes
Causes de la sécheresse oculaire
Les causes de la sécheresse oculaire sont multiples et elles peuvent s'associer entre elles pour aboutir à un syndrome sec.
Ainsi, selon une étude récente (Cornea, 2012), les causes se répartissent de la façon suivante :
- 49,7 % : sécheresse oculaire secondaire à un dysfonctionnement des glandes de Meibomius (situées dans les paupières, elles produisent une huile libérée dans le film lacrymal) ;
- 35,8 % : sécheresse oculaire quantitative pure ;
- 14,5 % : sécheresse oculaire mixte.
On peut ainsi établir une liste des causes principales de sécheresse oculaire :
- prise de certains médicaments (anxiolytiques, traitement substitutif de la ménopause, contre Parkinson...) ;
- facteurs environnementaux (pollution, tabac, climatisation, vent, port de lentilles de contact, travail sur écran...) ;
- âge ;
- changements hormonaux (grossesse, ménopause) ;
- certaines maladies (conjonctivites, inflammation des paupières, maladies auto-immunes, infections virales...) ;
- prise de substances toxiques (tabac, cannabis...) ;
- chirurgie de l'œil ;
- carence en vitamine A.
Attention : le travail sur ordinateur est un facteur de risque important dans la sécheresse oculaire. Plus de deux heures consécutives sur écran peuvent avoir des conséquences sur les pathologies de l'œil, et notamment la sécheresse oculaire. C'est pourquoi il est important de respecter quelques précautions dans le travail sur ordinateur, et notamment faire des pauses régulières dans le fait de fixer l'écran, bien positionner celui-ci, s'obliger à conserver un clignement des yeux toutes les 10 secondes...
Bon à savoir : certaines formes graves de sécheresse oculaires sont dues au syndrome de Gougerot-Sjögren, maladie auto-immune s'attaquant aux larmes et aux glandes salivaires.
Symptômes de la sécheresse oculaire
Les symptômes de la sécheresse oculaire sont variés. On peut citer comme étant les plus fréquents :
- un larmoiement, parfois excessif ;
- des picotements ;
- des clignements fréquents ;
- une sensation d'inconfort ou d'irritation ;
- l'impression d'un grain de sable dans l'œil ;
- une sensibilité à la lumière ;
- un manque de larmes ;
- des rougeurs oculaires ;
- une baisse de la vision ;
- une difficulté à porter les lentilles ;
- une gêne à l'ouverture des yeux le matin au réveil ;
- une vision trouble ;
- une sensation de brûlure ;
- une fatigue oculaire...
La sécheresse oculaire s'aggrave au fil du temps. Ainsi, d'épisodique, elle peut devenir chronique. Or, une sécheresse oculaire chronique peut engendrer une inflammation de la surface oculaire, ce qui entraîne une diminution de la production des larmes et conduit à un cercle vicieux.
Diagnostic et traitement de la sécheresse oculaire
Diagnostic de la sécheresse oculaire
En dehors de l'interrogatoire clinique qui permet d'exclure - ou non - une sécheresse oculaire, il existe différents examens permettant de confirmer une sécheresse oculaire :
- le temps de rupture du film lacrymal ;
- la coloration à la fluorescéine ;
- le test de Schirmer pour évaluer un déficit quantitatif,
- l'évaluation de la qualité du film lipidique ;
- l'évaluation du fonctionnement des glandes de Meibomius ;
- la recherche d'une malocclusion nocturne.
Tout le monde peut souffrir de sécheresse oculaire. Celle-ci pouvant aboutir à des infections ou une baisse de la vue, elle n'est pas à négliger.
Bon à savoir : ces dernières années, le nombre de cas a augmenté face à la détérioration de nos conditions de vie (pollution, climatisation...).
Traitement de la sécheresse oculaire
Le traitement de la sécheresse oculaire repose sur l'utilisation de produits qui remplacent les larmes. En effet, actuellement, il est impossible de régénérer une glande lacrymale qui ne fonctionne pas assez.
En premier lieu, on utilise un traitement à partir de larmes artificielles. Il en existe sous différentes formes (collyres, gels lacrymaux) du fait de leur composition qui diffère. Il faut privilégier les doses uniques, les produits sans agents conservateurs. Il est intéressant qu'ils contiennent de l'acide hyaluronique ou des lipides.
Pour améliorer la sécheresse oculaire, il convient également de jouer sur l'environnement, de changer ses habitudes concernant le travail sur écran.
Un traitement simple, quoique fastidieux, consiste en l'application de compresses chaudes suivie de massages des paupières, afin de stimuler et déboucher les glandes de Meibomius.
Des appareils (Lipiflox®),reproduisant cette technique plus rapidement et de manière plus efficace, commencent à être utilisés, mais ce traitement est onéreux. Ils sont réservés aux cas sévères.
On peut également se tourner vers les traitements suivants :
- la rééducation du clignement des yeux ;
- l'utilisation de collyres antibiotiques pour améliorer la qualité des sécrétions ;
- des médicaments anti-inflammatoires ;
- des lentilles sclérales permettant de maintenir la cornée humide en permanence ;
- des sondages-débouchages des glandes de Meibomius grâce à des sondes à usage unique ;
- l'installation de bouchons lacrymaux microscopiques en silicone dans les orifices d'évacuation des larmes pour augmenter leur quantité sur l'œil.
Il existe des traitements complémentaires qui peuvent aider : l'huile d'argousier par voie orale, des oméga 3 associés à des antioxydants.
De même, différents traitements sont en cours d'évaluation : impulsions électriques pour faire couler les larmes...
De plus, différentes techniques utilisées en prévention peuvent aider à prévenir la sécheresse oculaire :
- éviter de recevoir l'air directement dans l'œil ;
- utiliser un humidificateur ;
- abaisser le chauffage ;
- porter des lunettes de soleil à l'extérieur ;
- réduire le nombre d'heures où l'on porte ses lentilles de contact ;
- éviter de fumer ;
- éviter les atmosphères polluées ;
- faire des pauses régulières lorsqu'on travaille sur écran...
La sécheresse oculaire peut toucher n'importe qui et on estime qu'elle touche de 5 à 35 % de la population, même si elle concerne plus souvent les femmes, ayant plus de 46 ans dans 80 % des cas.
Aussi est-il important de prendre en main la santé de nos yeux, notamment en adoptant de meilleures habitudes de travail sur écran et en prenant garde à son environnement.
Au moindre doute, il ne faut pas hésiter à consulter son ophtalmologue.